Au moment du baptême de Jésus, trois phénomènes se succèdent : les cieux se déchirent, l’esprit descend sous la forme d’une colombe et une voix se fait entendre, une voix qui identifie Jésus au fils bien-aimé. Le premier mouvement m’interroge le plus ; c’est aussi lui qui ouvre la porte aux suivants. Si les cieux se déchirent, cela signifie donc qu’ils étaient fermés. Un ciel clos, hermétique… Si cela nous fait envie ces dernières semaines, prenons le temps d’y penser deux minutes.
Un ciel fermé, concrètement, c’est une terre sèche, aride, sans vie : une vie devenue impossible. Un ciel fermé, symboliquement, dans la mesure où le ciel est la demeure de Dieu, c’est une vie en parallèle, deux mondes distincts qui n’ont pas de contact. C’est une existence où Dieu ne rencontre jamais les hommes ; des hommes laissés à eux-mêmes, regardant leur nombril et scrutant le ciel sans espérance, sans regard au-delà, sans horizon qu’eux-mêmes… Une existence purement terrestre.
Dans la Bible, quelques auteurs ont eu recours à cette expression « le ciel se déchire ». Esaïe se lamente : « Si seulement tu déchirais le ciel, si tu descendais… » et on sent en lui le malheur et le sentiment d’abandon. Ezéchiel commence son livre en témoignant des visions reçues quand le ciel se déchire. Ezéchiel se trouve en exil, déporté comme les membres du peuple d’Israël, confronté à la perte de son pays, de son roi, de son Dieu : l’exil n’est-il pas une punition divine ? Pour ce prophète, les cieux se déchirent et Dieu communique : la rédemption et la consolation arrivent. Pour les hébreux en exil, un vie nouvelle est ouverte par Dieu.
Dans le Nouveau Testament, on trouve cette expression trois fois. La première fois au moment du baptême de Jésus ; la seconde fois au moment de sa mort et c’est le voile du temple, symbole de séparation entre Dieu et les hommes, qui se déchire. Enfin, dans la vision accordée à Pierre, le ciel se déchire encore pour annoncer l’ouverture de la bonne nouvelle aux païens.
Oui, le ciel n’en finit pas de se déchirer. Sur nos têtes en nous arrosant… sans doute trop ! Sur nos vies pour les rendre fécondes, riches. Dieu nous arrose de son baptême, de sa parole, de sa bénédiction, de l’adoption dont il nous fait bénéficier. Le ciel est ouvert, définitivement, pour nous donner l’esprit, pour nous faire enfant de Dieu et frères et sœurs en Christ.